En deux jours, Baltasar Engonga, haut fonctionnaire de Guinée équatoriale, est devenu une star des réseaux sociaux africains. Les plus de 400 vidéos de ses ébats amoureux avec l’élite de la gente féminine de Malabo ont enflammé le public. Mais, dans les coulisses de ces sextapes, qui font ricaner la toile, se joue aussi une bataille politique.
Le quarantaire, père de six enfants, Baltasar Ebang Engonga porte mal son surnom de « Bello », costume strict et petites lunettes rondes, il n’a rien d’une gravure de mode sexy. Il a plutôt l’apparence de sa fonction : haut fonctionnaire, patron de l’Agence nationale d’investigation financière en charge de lutter contre les crimes financiers. Soupçonné de transférer des fonds vers les îles Caïman, les autorités judiciaires perquisitionnent son bureau, mettent la main sur son ordinateur et découvrent le pot aux roses. Les vidéos sont mises en ligne et le monde entier assiste aux exploits du « tombeur de Malabo ».
Si l’affaire fait grand bruit, elle apparaît néanmoins comme truculente et légère. Il ne s’agit en effet, ni de mineurs ni de relations tarifées. Toutes les femmes, épouses ou filles de personnalités publiques, ministres, magistrats, généraux, sont consentantes, y compris pour être filmées en vidéo. La toile se gondole. Les Ivoiriens à l’humour légendaire, ne sont pas en reste, chacun y va de sa répartie, on y parle de « Baltasareth » pour désigner les compagnes de jeux, d’autres demandent « justice pour les maris cocus ». Le prénom Baltasar s’apprête à entrer dans le langage courant, un internaute évoque un « Baltasar de la finance » pour nommer une société de transfert d’argent. Un autre écrit : « Baltasar Ebang Engonga a pénétré tous les aspects du débat africain. Il a peut-être échoué dans sa fonction mais il a excellé en apportant du plaisir à quelques privilégiées de son pays. »
Néanmoins, la sextape désormais légendaire montre un côté plus sombre. Bello n’est pas seulement haut fonctionnaire, il est aussi le neveu du Président Obiang Nguema et surtout il est le fils de Baltasar Engonga Edjo’o, Président en exercice de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) depuis mars 2023. Or, ce dernier ambitionnerait de se présenter à la prochaine élection présidentielle et donc faire de l’ombre Teodorin Obiang Nguema, l’actuel vice-président, qui compte bien succéder à son père. D’aucuns voient donc la main de Teodorin dans la diffusion de ces vidéos, d’autant qu’il est réputé pour ne reculer devant rien pour arriver à ses fins. Il a fait arrêter son demi-frère et diffusé une autre sextape, celle de Juan Carlos Ondo Angue, ancien président de la Cour suprême, devenu un opposant au régime. Bello et ses compagnes de jeux seraient donc des victimes collatérales.
En attendant le coup est parti et la toile n’a pas fini de commenter les prouesses du « tombeur de Malabo. »
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