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LES GENDARME DE ABOBO

LE GENDARME D’ABOBO ou le festival Michel Gohou

Le comique Michel Gohou, adulé en Afrique de l’ouest, s’en donne à coeur joie dans un rôle sur mesure…

Portée par l’iconique Michel Gohou, la comédie Le Gendarme d’Abobo aborde en filigrane un certain nombre de sujets sensibles : la mise à l’écart des jeunes de la rue appelés « microbes », l’interdiction des viandes de brousse dans les maquis, le virus de la corruption qui gangrène la société toute entière, le fantasme du blanc, têtu encore chez nombre de femmes déçues par le salaire de leur mari, la menace latente – souvent exagérée, parfois effective – du terrorisme, et l’ingérence de la France, qui continue encore… « On n’intervient que sur ordre de Bolloré ou d’Orange » déclare ainsi un militaire français dans le film. 

Rien de mieux que la comédie pour soulever des questions graves, délicates, sujettes à polémiques. De manière légère, en cherchant avant tout à propager un vent de gaieté généralisé, Le Gendarme d’Abobo brosse, mine de rien, un portrait très actuel d’Abdijan, de la conjoncture économique difficile, des grandes différences entre quartiers – celui d’Abobo étant par exemple décrié et déconsidéré. 

Le réalisateur Vassil présente ainsi le point de départ du projet : « Un jour quand j’étais en voiture en allant dans le nord de la Côte d’Ivoire, je me suis fait arrêter par un policier. Le policier m’a dit : « bon, on fait comment ? » Je dis : « on fait comment quoi ? » « On fait comment, il fait chaud, j’ai soif, on fait comment ? » Et là j’ai compris, ça c’est la formule magique pour un film. »

Agréable et rythmé, Le Gendarme d’Abobo doit surtout beaucoup à l’abattage de son comédien principal, très à l’aise dans ce rôle de gendarme veule et malhonnête, drôle dans ses mimiques, ses cris, sa maladresse à exécuter le moindre exercice sportif, ses tics langagiers cocasses, mais aussi ses réactions aux minauderies de son épouse venue le reconquérir. 

Après lui avoir offert un second rôle dans sa comédie musicale « Laurent et Safi » en 2015, Anton Vassil laisse à Michel Gohou toute la latitude pour exprimer son talent comique – sur le plan verbal, gestuel, corporel. 

Couronnée d’un franc succès en Côte d’Ivoire et dans les pays francophones d’Afrique de l’ouest, la comédie permet de dédramatiser par rapport à de nombreux maux, pourtant graves et inquiétants. En attendant de les résoudre, vaut mieux en rire ! 

Le réalisateur lui-même confie d’ailleurs avoir eu du mal à résister aux facéties de sa vedette : « Pendant le tournage, j’étais parfois obligé de tourner de nouveau une scène parce que soit on entendait mon rire, soit la caméra bougeait, parce que je n’arrivais pas à me retenir. »